<<< Réponse de Jéjé3.4 le 4/1/14 à 10h44 >>>
Bon alors? par où commencer sans paraphraser sachant que pas mal de choses ont déjà été dites sur le sujet? et qu'Olivier dans son post d'ouverture relate les dires de Daniel, essayeur Michelin dédié à Porsche avec qui nous avons déjeuné ensemble en juin dernier, et dont la parole ne peut pas être mise en doute, j'y reviendrai...
Je vais essayer d'apporter des éléments complémentaires, chacun se fera ensuite son idée...
1. Michelin n'est pas une boite où l'on pratique le "pipo". "Les faits, rien que les faits" étant une de leur religions...le goût du secret en étant une autre (mais ça change un peu). Je peux en attester après y avoir passé 3 ans de ma vie pro, il y a certes un certain temps ...J'étais dans la partie commerciale, mais j'ai aussi cotoyé des ingénieurs du centre de Ladoux (R&D), visité leurs installations et tourné sur les pistes avec eux (chaque ingénieur est formé au pilotage). La plupart sont des passionnés d'auto, et pilotes amateurs, voire plus dans le civil (un fort % des membres du Porsche Club Auvergne sont des ingénieurs de chez Michelin, roulent en GT3 RS perso etc..). Au delà de leurs compétences techniques, ce ne sont pas des baratineurs, donc quand ils disent qu'un pneu N est différent, c'est vrai !
2. Je connais beaucoup moins Porsche, mais qui semble d'après ce que l'on m'a dit une Entreprise beaucoup plus compliquée, où la langue de bois est pratique courante (beaucoup d'entre nous peuvent en attester..), donc je prendrais avec beaucoup plus de réserves les infos venant de Porsche, voire encore plus de leurs représentants, CP, etc..
3. Sur le développement des pneus sportifs homologués constructeurs "N", "M" pour Mercedes etc.. voilà comment cela se passe d'après une conférence animée par une jeune et jolie (je vous disais que certaines choses changeaient quand même chez Michelin..) chef de produit pneu sportifs à Ladoux lors du Jubilé 911 en septembre dernier :
- Soit ils partent d'une feuille blanche, avec un cahier des charges constructeurs remis très en amont (en cours de développement de la voiture) et proposent au constructeur X versions d'un pneu nouveau et développé spécialement, les choix et versions retenues sont décidés collégialement entre Michelin et le constructeur, ce dernier ayant toujours le dernier mot. Les critères sont à la fois objectifs (temps au tour sur un circuit de référence, grip latéral, distance de freinage sec et mouillé etc..l'usure rentre assez peu en compte pour ce type de pneu) et subjectifs (ressenti d'un essayeur sur le changement de cap à haute vitesse, la réactivité entre input volant et changement de direction, la progressivité de la dérive, etc..). Inutile de préciser que ce type de développement, ultra pointu techniquement et très coûteux car il y a énormément d'allers retours, de prototypes et de préséries de pneus réalisés quelquefois pour rien, est "réservé" aux modèles d'exception style 918, Veyron, Koenigesgg etc...L'intérêt pour Michelin d'être homologué pour ces modèles et fournisseur en 1ère monte de ces modèles à très faible diffusion n'est nullement économique, mais technique (cela fait progresser la recherche sur des gammes inférieures) et en renforcement de leur image par association avec des modèles prestigieux.
- 2ème cas, le pneu sportif de plus grande diffusion (dont PS2 et PSS font partie par exemple). Dans ce cas Michelin développe son propre pneu, avec ses propres connaissances et savoir faire et les teste sur un panel de voiture leur appartenant (BMW M3, Porsche 911 etc, etc..). On peut donc dire que ce pneu "générique" est le meilleur compromis auquel Michelin est arrivé pour des voitures de sport. Dans un 2ème temps et pour décrocher une homologation constructeur, gage de fourniture en 1ère monte et à fortiori d'un marché 2ème monte qu'ils voudraient "captif", ils vont ensuite proposer ce pneu à chacun des constructeurs intéressés. Et c'est là que certains demandent des améliorations, qui sur le niveau sonore, qui sur la résistance au roulement pour baisser la consommation, qui sur la progressivité des réactions etc...Si les tests et critères objectifs et subjectifs s'inspirent de ceux du 1er cas cité plus haut, ces aménagements ne peuvent être de toutes façons qu'assez mineurs car le gros de l'architecture du pneu est déjà figé. Cela peut néanmoins jouer sur la carcasse (ajout ou modification d'une des nappes, rigidité des flancs) ou sur la bande de roulement (mélanges de gomme un peu différents). Dans le cas qui nous intéresse, c'est là où la différence entre "N" et non "N" peut exister..
4. Pneu de 1ère monte de moins bonne Qualité que 2ème monte à modèle strictement équivalent ? : Le négociant spécialiste qui a dit çà à tout faux...enfin partiellement : Les fabrications étant en perpétuelle évolution et amélioration, un pneu de remplacement récent peut en effet être meilleur sur certains items (usure, consommation surtout) que le même pneu qui a été fabriqué il y a 3 ou 4 ans pour équiper la voiture en 1ère monte.
5. Dernier point sur lequel je voulais revenir, Michelin essaye de s'ouvrir à l'extérieur et de casser cette image de secret (sans tout dévoiler of course, donc il restera toujours des questions sans réponse..), et c'est tout à leur honneur. Entre autres témoins, le "partenariat" avec un autre forum bien connu, où des réponses sont apportées sans langue de bois (parmi celles-ci, celle consistant à valider le montage de PSS non "N" est logique, car d'une part Porsche l'a validé officieusement -présentation PSS à Dubai-, et d'autre part Michelin ne veut pas perdre des ventes de 2ème monte au profit de Pirelli et autres...). La conférence de la R&D Ladoux lors d'un Jubilé en est une autre illustration.
J'espère ne pas vous avoir trop cassé les pieds et fait avancer le "schmilblick"...