Voici mon compte-rendu de la journée d'essais Porsche dont je vous parlais hier… Attention, accrochez-vous: émotion et surprises!
Arrivé peu avant 9h30 ce matin au Centre Porsche Tenerife, je suis aussitôt accueilli par l'équipe: Miguel le patron, Jaime le pilote, Carlos le commercial (le seul que je connaisse), l'hôtesse… Petit papier à signer, copie d'usage des papiers d'identité et je peux me recharger en calories au buffet matinal pour préparer la jolie balade qui nous attend.
Les 5 autres pilotes arrivent. Je reconnais Alberto, avec qui j'avais roulé au Teide avec son Cayman 987.1 et mon Boxster 981.1 GTS en 2015. Nous allons partir en groupe avec 5 voitures: le meneur (Jaime) en Panamera S et 4 voitures pour nous, les clients: Panamera S, Macan S, Boxster 718 S et 991 GTS Cabrio.
Briefing sympa avec les présentations des personnes, des voitures, de la route prévue (dans les 180 km, quand même!), des consignes… Nous avons un talkie par voiture. Chaque client est seul à bord (sauf Alberto, venu avec un ami). Jaime me glisse à l'oreille: "on ne va pas rouler très fort." Bon…mais je verrai plus tard qu'il blaguait. Ordre des voitures: Jaime, la 911, le 718 puis les "bateaux" (dont l'un est Diesel!).
Entre-temps, j'ai déjà installée ma GoPro à l'intérieur du pare-brise de la 911 et réglé les commandes.
Inutile de dire que le temps est au beau fixe, nous sommes à Tenerife en plein moi d'Août! La journée s'annonce chaude avec 30-37°C selon les endroits.
Les voitures sont dans le show room. Il est temps de s'installer à bord et de démarrer le flat 6, le flat 4, le V6 et autres V8… Emotion!
Je retrouve évidemment mes marques dès les premières secondes: j'ai vendu ma dernière Porsche PDK voici seulement 8 mois. Un peu de ville pour sortir sur l'autoroute - la 911 est docile et polyvalente, c'est connu - et nous voici en file indienne à 100-110 km/h. A cet instant, je me dis que la journée risque d'être frustrante, si je ne peux pas rouler à mon rythme en montagne.
Nous délaissons l'autoroute pour nous diriger vers ma route "de référence" (ça tombe bien): la montée Arafo "Los Loros". Je suis juste derrière le "moniteur" (Jaime) et après le dernier village, quelle n'est pas ma surprise de le voir accélérer et prendre un rythme endiablé, sur cette montée de col superbe! Ah!?? Ah! Ahhh! Vite: mode Sport, bouton PDCC (barre antiroulis actives, si je ne me trompe), PDK manuel bien sûr, je rentre plusieurs rapports et j'enquille derrière Jaime, le couteau entre les dents et le sourire jusqu'aux oreilles.
La chance du jeudi matin 11h: personne sur la route. Vous n'allez peut-être pas me croire, mais si, nous avons fait toute la montée en mode grosse arsouille, soit dans les 18 km de montagne sur une des plus belles routes des Canaries. Nous avons dû doubler 2 voitures et en croiser 2 ou 3 (sur cette portion de 18 km), pas plus. Jaime travaille plus dur que moi avec la Panamera 4S, que j'entends ruer, crisser, accélérer. Il prend carrément le caniveau à l'intérieur des virages. J'avoue que je suis bouche bée et très heureux car je pensais qu'on allait monter à un train de sénateur.
Avec la 991.2 GTS (450 ch à 6.500 tr/mn, 3L biturbo sans géométrie variable, moteur en porte à faux arrière) (991 phase 2), je le suis sans problème et ça tombe bien, le rythme est parfait pour moi. Je ne suis pas aussi "à la limite" que Jaime mais je profite pleinement de la 911, dans la zone de sportivité que j'adore: rapide, précis, fort, mais pas "à l'agonie".
Arf, le plaisir est grand! Je roule décapoté, PSE ON, c'est une 2 roues motrices mais avec la largeur du train arrière de la 4 roues motrices, par la magie du "GTS". La suspension sport -20mm PASM et le PDCC la rendent incroyablement efficace et jouissive à l'attaque. Quel plaisir, que d'envoyer toute la puissance en 2e et de sentir le train arrière transmettre ça au sol avec brio! La montée se fait en jonglant entre les seconds et 3e rapports. Imaginez la vivacité du moteur sur ces rapports courts...
Mais le plus surprenant est le châssis, fabuleux. On oublie l'histoire du moteur en porte à faux arrière. Il suffit juste de bien freiner dans les règles à l'entrée des virages afin d'appliquer du poids sur l'avant. Ce point est de plus en plus important si on roule fort. Quel châssis! On oublie roulis, poids, ruades et autres problèmes. Et c'est pourtant un cabriolet dérivé d'un coupé. On pilote, on s'ouvre aux sensations et c'est tout!
J'en profite pour vous "supplier" de ne pas prendre la version 4 roues motrices, sauf si vous avez de la neige par chez vous et que vous souhaitez utiliser la 911 tous les jours. La 2 roues motrices est tellement plus agréable, plus naturelle, plus authentique! Le système 4x4 Porsche qui transmet la puissance aux roues Avant en cas de besoin a en effet l'inconvénient de dénaturer la motricité de la 911. Par exemple, on arrive fort dans un virage, on remet la puissance et "paf!", le système reporte une partie de la puissance sur les roues Avant; puis en sortie de virage, retour à 0% de puissance à l'avant, etc. Ce constant changement de traction des roues Avant dérange le pilote amateur de finesse et précision. J'avais noté cela en essayant (longuement) une 991.1 4S en 2012 et aujourd'hui, Alberto m'a étonné en disant spontanément exactement la même chose sur la 991 4 roues motrices, avant-même que je ne lui en parle.
Revenons à nos moutons…
Evidemment le moteur (de la 991.2 GTS) est sympa, avec ces 450ch, on s'y attendait. C'est moins surprenant (que le châssis). Les turbo-compresseurs sont bien là et se font sentir: pêche et bonne poussée mais aussi turbo-lag, bruit plus soft (mais sympa) et léger manque de brio après 6.800 tr/mn. Gaz coupés durant 10-15 sec en descente, la remise des gaz à 2.500 tr/mn s'accompagne d'un lag de 1 à 3 secondes. Plus étonnant, le moteur n'a pas énormément de couple à moyen régime (en 4e à 2.500 ou 3.000 tr/mn…). Je crois qu'on tient là une grande différence d'avec la "vraie" 991 Turbo (Phase 1 et 2), qui - elle - pousse plus fort dès 2.500 tr/mn, fortement "gavée" par ses turbos à géométrie variable.
Le SON de l'échappement sport PSE est sympa et émet aussi quelques pétarades à la décélération mais le volume et registre sonore n'ont rien à voir avec feu la 991.1 atmo. C'est à présent bien plus discret, la faute aux normes plus qu'aux turbos. Personnellement, cela cette relative discrétion ne me déplait pas car j'en ai terminé avec mon époque "gros bruit" et cela pousse moins au crime.
Les freins (classiques en acier) mordent bien (plus que ceux du Boxster du jour, mais c'est peut-être dû à l'usure).
La direction est précise et renvoie toutes les infos nécessaires au pilote, qui sent bien où il en ait avec l'auto (adhérence, stress des pneus…). Le volant sport est multifonctions et la molette pour les modes de conduite est pratique. Le "push to pass" est un petit gadget rigolo.
La motricité est excellente mais le couple permet de glisser un peu si on le souhaite. C'est valorisant.
Bien sûr, position de conduite et commandes sont parfaites.
La PDK a (encore!) été bonifiée. Mais où cela s'arrêtera?! Plus du tout de lag entre le "clic palette" et le passage du rapport. Je crois aussi qu'ils ont enfin supprimé l'accoup en mode Sport Plus au passage des rapports à haut régime. Le levier est enfin dans le bon sens (mais qui l'utilise, en fait?). Par rapport au premières PDK (2008-2014), les palettes sont légèrement redessinées et le "clic" est plus précis, avec moins de débattement.
Toute la voiture sens bon la précision, la maturité, fruit de nombreuses années de retouches, perfectionnements, améliorations.
Enfin, je suis toujours à quelques mètres de Jaime, dans un train d'enfer. Nous avons perdu les autres. Pas grave: il n'y a qu'une route.
Le copilote de Jaime nous commente la route en temps réel pour réduire les risques: "Voiture en sens contraire", "2 vélos devant", "Attention, petite moto très lente", "Bus en sens contraire" ou au contraire "Voie libre pour doubler, pas de véhicule en face", etc. Un super travail qui permet une bonne sportivité au volant avec aucun risque pour les autres usager de la route.
Petite pause sans couper les moteurs pour regrouper le convoi et pour que les organisateurs prennent nos impressions. Ils sont heureux de voir notre très haute satisfaction sur cette journée sportive! Je donne un 12 sur 10 à l'organisation, notamment pour avoir eu l'audace de mener la danse avec une telle allure, une telle sportivité en courbe. Nous n'avons pas atteint de très hautes vitesses, mais avons pu profiter des courbes à notre guise.
Bon, on continue, pour finir la montée, au même rythme! A ce moment, les pneus de la 911 disent "pouce". Ils sont surchauffés, bien que la pression n'ai pas montée énormément. Les gommes sont trop chaudes et sans même regarder, je reconnais les Pirelli (je n'ai pas pensé à vérifie ensuite!). La voiture glisse plus et les pneus donnent un peu moins de précision au pilotage. Il fait dans les 30°C et cela n'arrange rien.
En haut, nous descendons vers la Laguna, à une allure un peu plus tranquille, jusqu'à un bar en plein dans les pins canariens, où nous nous désaltérons autour d'une table pour échanger nos (très bonnes!) impressions. De 25 à 55 ans, nous sommes tous des grands enfants, heureux, sourire béa, la passion de l'automobile sportive au corps.
Je ne vous parlerai pas de la qualité de l'intérieur ni de la finition: elle est excellente mais ce n'est pas important pour moi. Voyez les photos… Oups! Je n'ai pas de photo de l'intérieur de la 911. Idem pour le système audio/GPS/paramétrage de l'auto. D'autres essais en parlent. Je suis un spécialiste du pilotage.
(A suivre...)