- Essai détaillé Mazda MX-5 ND 1,5L ce matin (3h) -
Le point de vue d'un Porschiste.
- Partie 1/5 -
Comme vous savez (?), j'ai commandé une Mazda MX-5 (dite "Miata") MD (4e génération) 2.0L finition Sélection (Sport) qui arrive d'ici 3 semaines...et j'avais essayé la 1,5L durant une petite heure avec le commercial.
Ce matin, j'ai voulu essayer plus en détail la 1.5L (seule dispo à l'essai ici), cette fois durant 3h et seul à bord. Je leur ai fait le plein d'essence pour compenser la longueur de mon essai.
Rappel: je possède actuellement une Porsche Boxster 981 GTS de 330ch. Ceci place l'essai sous un angle un tantinet distinct de celui qui vient d'une C4 110ch...
Trêve de préambules, il est un peu moins de 10h ce vendredi matin lorsque j'appuie sur "Start" pour mettre en marche le moteur, capote ouverte, équipé de ma casquette et mes lunettes de soleil.
Un peu d'autoroute pour commencer. Je trouve qu'il est difficile de tenir le cap, au départ (à 140 km/h), puis je m'habitue rapidement. J'ai la direction Servotronic sur le Boxster... ceci explique sans doute cela. Côté remous, c'est bien: pas de bruits exagéré ni décompression d'air désagréable.
Je prends rapidement la sortie pour San Miguel, qui me ramène vers ma route habituelle: montagne de 0 à 2.300 m d'altitude! Le 1,5L va-t-il s'en sortir?!
Durant les 50 km de montée qui mènent au Parador national du Teide (sorte d'hôtel), je roule avec le couteau entre les dents, je tente de doubler tout ce qui roule, je tire les régimes à 6 ou 7.000 tr/mn, je rétrograde avec le talon/pointe... bref, je pilote comme avec mon Boxster GTS.
Bilan à la première pause (au Parador): j'ai envie d'annuler ma commande et de conserver ma Porsche!
La voiture n'accélère que peu, les montées en régimes sont bruyantes mais sans grand résultat sur la vitesse, je ne suis plus dans le coup pour la talon/pointe après 4 ans de boite PDK à palettes au volant, le châssis prend du roulis, etc. La conso moyenne sur l'écran tactile de droite (réputé juste à +-0,1-0,2 L/100) affiche plus de 15L/100km...
Bon-bon-bon !
Je prends des photos, bois un peu d'eau, admire le majestueux Teide...
Je me dis qu'il ne faut peut-être pas conduire la MX-5 comme une Porsche (!), surtout que je souhaite pour ma part justement à l'avenir conduire plus cool, moins rapidement et en admirant plus le paysage... Je modifie alors mon programme interne (mental).
Je continue donc ma route vers le Teide, mais cette fois dans un mode plus relax, en profitant de la souplesse du moteur (sidérante!), de son silence à faible charge jusque vers 3.500 tr/mn, de la douceur des commandes et bien entendu du cabriolet par ce magnifique jour de Septembre aux Canaries!
La situation s'inverse alors complètement. Je prends du plaisir à rouler à l'air libre (il fait 21°C ici en haut, c'est parfait), à jouer de la boite avec rapidité mais sans pousser les régimes, à enrouler les courbes sans brusquer la voiture plus que sa nature. Je prends même du plaisir à suivre les touristes à basse vitesse (bon, parfois, je double, faut pas pousser, quand même!). C'est sûr, je me fais plaisir à des vitesses très raisonnables et la vie est belle!
La conso sur l'écran (mise automatiquement à zéro par l'arrêt moteur tout à l'heure) montre à présent 6,2L/100 de moyenne. C'est déjà plus conforme à mes souhaits! Sans penser à l'argent, je trouve que ne consommer que 6 ou 7L ajoute au plaisir!
Sur le plateau, la route est plus plate, mais nous sommes à 2000-2200 m donc la voiture développe (encore) moins de chevaux. Etrangement, tirer à 7.000 tr/mn m'a semblé tout à l'heure pénible comme un jour sans pain, mais rouler sur le couple à 2500-3000 tr/mn et passer les rapports supérieurs rapidement me semble très plaisant!
Ce moteur 1,5L essence Skyactiv de 131ch à 7.000 tr/mn et de 150 Nm de couple à 4.800 tr/mn est incroyable de souplesse et douceur dès les plus bas régimes. Il accepte de rouler en 6e à des régimes très bas. Il ne vibre pas. Il est ainsi possible d'égrener les 6 rapports rapidement sans pousser le moteur. L'embrayage est très doux (pédale) et progressif (au démarrage). Après une courte acclimatation à l'auto, j'arrive à changer de rapport rapidement en toute décontraction et sans aucun accoup ni patinage, aussi bien à la montée qu'au rétrogradage.
Même en montée, le moteur tient le régime, comme s'il avait plus du couple qu'annoncé, aidé par le faible poids de l'auto (environ 1000 kg sans conducteur).
Par contre, comme dit plus haut, lorsque je lui demande la puissance maxi, il n'est guère agréable ni efficace. Il faut préciser que mon exemplaire d'essai n'a que 500 km au compteur. Il est assez bruyant (côté moteur plus que échappement) et semble nous dire "Je ne veux pas atteindre les 7.000 tr/mn".
Mais de toutes façons, la mentalité de la Miata est toute autre! Elle a l'art de vous donner le sourire à des vitesses raisonnables et en roulant à bas et moyen régimes. Si le rythme demandé est conforme au style de l'auto, elle se montre alors très plaisante, efficace, homogène.
Le châssis est très sain malgré la version 1,5L volontairement réglée souple par le constructeur. On sent le sérieux des trains roulants. Certaines voitures souples ondulent du fait de la torsion de leurs bras de suspension ou du non respect de la géométrie, mais la MX-5 ND ne mange pas de ce pain là. Je commence à comprendre sa mentalité et pourquoi certains la préfèrent à la 2.0 Sport, plus rigide.
Je fais demi-tour aux Mines de San José et reviens par le même itinéraire, toujours en conduite dynamique mais tout en souplesse. Au gré de mon humeur, de la route ou des touristes, je roule entre 40 et 120 km/h, en général.
A présent que j'en ai saisi le mode d'emploi idéal, je vois que cette voiture ne me pousse pas à la vitesse, ni aux dépassements éclairs systématiques, ni à la grosse attaque en courbe. C'est une bonne nouvelle pour moi, que d'avoir trouvé une décapotable qui ne pousse pas à l'attaque, mais dont le châssis et les freins (à défaut du moteur) permettent tout de même une conduite dynamique en courbe avec même ici et là un petit jeu temporaire, comme un freinage dégressif volontairement appuyé en entrée de courbe pour tester l'ESP (qui agit tard mais correctement), un crissement de pneus en virage ou au freinage, etc.
J'ai ainsi nettement senti et entendu l'ESP freiner assez fort la roue arrière gauche (durant 1 seconde), pour ramener la voiture que j'avais volontairement fait partir de l'arrière dans un virage à droite, au freinage + volant.
Je n'ai pas trop testé/réussi à faire glisser l'arrière à l'accélération. Avec si peu de couple, il faudra jouer sur autre chose que l'accélérateur pour cela (sur le sec). Et puis ils m'ont gentiment confié cette voiture, alors, pas de folie!
La descente se fait donc le sourire aux lèvres, dans un silence moteur relaxant, saufs lors de quelques dépassements entre 2 virages. Et oui, en montagne, il faut faire vite pour doubler! Il y a juste assez de brise autour du pilote pour être bien (je régule le niveau d'air naturel en ouvrant ou pas les fenêtres, en fonction de ma vitesse, ventilation sur OFF).
(A suivre...)