Comme je le disais dans mon message ci-dessus, j'ai eu l'occasion de tester cet été ce qui est pour moi un des mythes de la moto.. "le monstre de Bologne", une Panigale en version "S", ancienne mouture (ou plutôt devrais-je dire la "dernière vraie Panigale"), avec son V2, plutôt que le V4 de la toute dernière mise à jour (quand on y pense le parallèle avec 981 vs. 718 n'est pas absurde.. sauf qu'au lieu de perdre des cylindres, on lui en a rajouté).
La Panigale S que j'ai testée est celle d'un copain (un chouette copain
) que je ai eue pendant 45min environ sur les routes du Morvan...
Dès que le revêtement est mauvais ou inégal, le pilote vit un véritable enfer (je pèse mes mots), la moto se transforme en une véritable planche de fakir de 200cv, et on a qu'une hâte, c'est de s'arrêter et de la rendre au propriétaire illico.
En revanche, dès que le revêtement est bon, c'est un travail constant pour rester calme, parce qu'on a envie de taper de dedans, de se mesurer à la machine (tout en sachant pertinemment qu'il n'y a absolument pas d'autre choix que de rester humble). Mais il y a cette envie, tout à fait contraire à l'instinct de survie, de voir jusqu'où le pilote et cette machine de course, ensemble, peuvent être emmenés (la réponse c'est très au-delà des bornes des limites comme dirait l'autre). Donc sur ces phases c'est une alternance de "crispé-hyperconcentré" et de "crispé-extatique", parce que le sentiment qui domine quand même c'est... "non mais c'est quoi cet engin de malade mental ?!".
D'une manière générale, la moto est très exigeante et demande quand même pas mal d'engagement et d'anticipation peu importe la vitesse. Je dirai même que c'est pire si on ne roule pas "vite" parce que dans ce cas, on sent que rien n'est naturel ; en revanche, dès qu'on hausse le rythme, elle devient paradoxalement plus facile et plus instinctive à piloter.
On sent assez rapidement que si le mode d'emploi est assimilé (ce qu'en revanche il n'est pas possible de faire rapidement !) il est possible d'aller très vite, très fort tout le temps (pour autant que la qualité de la chaussée le permette).
Ca reste physiquement exigeant mais les déplacements sur la moto sont vraiment faciles et dès qu'on roule un peu dynamiquement, on est à son aise pour prendre une belle position (même si ça se voit pas forcément sur la photo
).En revanche les trajets de liaison ou de cruising sont inutilement energivores (gainage et tensions sur les bras permanents).
La belle dispose d'un shifter up and down super bien calibré, pas violent pour un sou, qui accepte de fonctionner à des régimes pas trop élevés. Et c'est bien qu'il soit là pour le "down" parce qu'il faut quand même réfléchir à deux fois avant de tomber un rapport, vu le couple du gros bi de 1299cm3.
Pour parler un peu plus du moteur... éh bien, ce n'est pas un moteur, c'est une catapulte. A la moindre rotation significative de la poignée, le couple vient jeter les virages à la gueule tellement vite qu'il n'est pas possible de regarder le compteur ; au moindre miniscule bout droit, si le pilote est enervé, les 200 sont largement atteignables (en 3ème).
Contrairement à ce à quoi je m'attendais, ça ne cogne pas tant que ça sur les bas régimes et c'est même assez souple en fin de compte (pour un gros-gros bi, on s'entend).
Petit bémol sur le feeling du freinage pour ma part, contrairement à ma Street Triple R, un modèle du genre, où dès que je pose un doigt sur le frein je suis susceptible de m'arrêter quand je veux, là, il faut quand même être plus concentré sur le dosage et le retour d'information/ la connexion levier/freinage sont moins instantanés mais ça fait finalement et évidemment le job mieux que bien, sans surprendre et en jugulant les 200cv qui se pressent à la roue arrière.
Je suis descendu du bolide en sueur - bon il faisait +30C° - épuisé par la concentration et halluciné qu'un tel missile existe, tant par les perfs que par le manque de confort dès que le rythme ne peut pas être un chouïa dynamique.
Bref le genre de bolide qui laisse bipolaire, tu l'adores et tu la détestes simultanément.
Quand je suis remonté sur ma Street après le tour de manège, j'avais l'impression d'être sur un Dyson croisé chesterfield avec des freins chatouilleux.
Quelques données pour mieux comprendre de quoi ce monstre retourne :
- 190kg en ordre de marche / 166kg à sec (... comme ma Street de 106cv..)
- 205cv à 10.500trs/min
- 14,75mkg de couple à 8750trs/min
- rapport poids/puissance 0,81kg/cv
- Vmax 312km/h
- 0 à 100 en 3'33" pour autant qu'on réussisse à rester dessus