Le point que soulève Henri est tout à fait juste. Les éditeurs sont au carrefour de leur métier. Les manuels perdent en épaisseur, et en qualité car la concurrence dans le secteur est féroce et les changements continuels de programme scolaires leurs font perdre beaucoup d'argent. Il faut sans cesse remanier, adapter, refondre.
Les français pensent souvent que les manuels sont le livre saint des enseignants, et c'est pourtant de moins en moins le cas. Beaucoup d'enseignants - et je ne parle même pas des élèves - considèrent que le manuel est trop limitatif, trop loin du quotidien. Il sont même parfois bourrés d'erreurs, d'approximations. Il y a trois ans, on m'a commandé un audit du contenu des manuels dans une matière et sur un seul thème. C'est évidemment très réducteur mais les résultats n'étaient pas bons du tout. Leurs propositions sont parfois contre-productives, voir en opposition avec les programmes, parce qu'il faut aller vite, trop vite, pour proposer son manuel sur le marché avant tout le monde. Les éditeurs utilisent le copié/collé, ne vérifient pas assez leurs sources et font parfois - dans les manuels d'histoire - passer des reconstitutions pour des documents authentiques. Bref, je ne suis pas fan du "prêt à penser" qu'ils proposent aux jeunes.
Je ne suis pas du tout étonné qu'ils aient un rôle dans cette refonte de l'orthographe. Je pense que le manuel n'est pas sorti de l'ornière, sans oublier qu'ils n'ont pas su prendre le virage du numérique. Le manuel numérique ne doit pas se limiter à un manuel en pdf, ce que l'on voit presque systématiquement.
J'avais oublié de répondre à Paul sur le nombre de mots de vocabulaire essentiel pour se faire comprendre. Pour avoir la réponse, il faut aller du côté de la Légion étrangère, dont nous connaissons tous le caractère international du recrutement. Il faut 500 mots pour qu'un légionnaire puisse être opérationnel. Le souci c'est que lorsqu'il sort de la Légion, la plupart du temps, il a de grandes difficultés à s'insérer dans la société, parce qu'il a le vocabulaire pour se battre, suivre des ordres mais pas pour toutes les actions de la vie ( faire ses courses, acheter un billet de train et se diriger dans une gare...). Si l'on va du côté des prisons, une personne incarcérée connaît en moyenne 1000-1500 mots, ce qui est aussi très peu. Il y a une relation très étroite entre la maîtrise d'une langue vernaculaire et son insertion dans la société. En résumé, si je ne sais pas exprimer ma pensée avec des mots, je l'exprime avec la violence. La priorité, je pense, c'est que les gens puissent exprimer leurs pensées avec la plus grande finesse possible. Et pour cela, il faut qu'ils maîtrisent le plus de mots possible.
Et pour comprendre ces mots, il faut maîtriser les préfixes, les suffixes, les étymons. Or si l'on gomme en remplaçant une lettre par une autre, on déconnecte les mots de leur signification, comme cela a été dit plus haut. Ce n'est pas une bonne idée, sauf peut être pour les éditeurs...
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